Herbitzheim – Tradition religieuse. Garde suisse depuis 45 ans

Personnage familier aux paroissiens, Lucien Hoffmann ne manque pas d’étonner le pèlerin qui pénètre dans l’église catholique de Herbitzheim. Depuis 45 ans, il perpétue la tradition du garde suisse, une fonction qu’il exerce avec passion et conviction. Si la garde suisse pontificale, la plus petite et plus ancienne armée du monde, a été créée le 22 janvier 1506 sur ordre du pape Jules II, l’origine des suisses d’église remonte aux ordonnances royales d’avril et décembre 1771.« Je suis en quelque sorte le shérif », s’amuse Lucien Hoffmann, montrant l’insigne avec l’inscription « police du culte ». À Herbitzheim, le garde suisse joue les maîtres de cérémonie. Portant la redingote bleue riche de parements et d’épaulettes dorées les dimanches ordinaires, il garde l’uniforme rouge pour les célébrations importantes.Coiffé d’un bicorne, canne à pommeau et hallebarde à la main, il veille au bon déroulement des offices, accompagne les servants d’autel lors des quêtes et précède le clergé dans les processions. Frappant le sol avec sa canne à pommeau à l’effigie de la Vierge Marie, patronne de la paroisse, il invite les fidèles à se lever de leur banc lors des cérémonies.Lucien Hoffmann a succédé à Lucien Rondio qui a exercé la fonction de garde suisse durant 20 ans. « Comme j’étais président du cercle des jeunes catholiques, le curé Musser m’a proposé ce poste. Jusqu’à l’âge de 40 ans, j’étais dans le dixième banc à l’église. J’ai accepté car j’allais être plus à l’avant, donc plus près de l’autel ».Il y a quelques décennies, lorsque la pratique religieuse était intense, le suisse faisait régner la discipline à l’église. Il faisait sortir des rangs les enfants deux par deux, frappait le sol de son pommeau pour les inviter à faire la génuflexion. « Les enfants étaient nombreux, les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Un banc était attribué à chaque classe d’âge. Les plus petits étaient assis devant. Ce n’est qu’après la profession de foi que nous pouvions rejoindre les bancs des adultes », se souvient Béatrice Herrmann, qui a bien connu l’ancien suisse, Lucien Rondio. « C’était le frère de mon grand-père ».Bernard Herrmann, l’époux de Béatrice, se souvient que le suisse inspirait crainte et respect. « Lorsque les enfants chahutaient, il les punissait en les faisant sortir du banc et s’agenouiller devant l’autel de saint Joseph. C’était la honte pour les parents, les enfants avaient peur de rentrer à la maison ».
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